Mon avis sur le World Press Photo 2014

Parmi 98.000 photographies professionnelles provenant de 130 pays différents, 150 ont été sélectionnés et primés dans diverses catégories lors de la désormais célèbre compétition World Press Photo. Cette année encore, la fondation propose l’exposition de ces meilleurs clichés jusqu'au 28 septembre 2014 au Marché Bonsecours à Montréal. 

On est mercredi. Il est 19 h. Les portes entrouvertes du marché Bonsecours laissent apparaitre quelques âmes qui déambulent dans la salle d’exposition. Avec hâte, je m’acquitte de mon droit d’entrée pour tomber aussitôt nez-à-nez avec un premier cliché. 

John Stanmeyer, États-Unis, VII pour National Geographic, World Press Photo de l’Année 2013 
Pris au cœur de la nuit, celui-ci représente des hommes levant leur téléphone portable en direction de la lune. Je décide de mettre au point une méthode : observer la photographie et y scruter les détails pour en deviner le sens, puis confirmer mon interprétation en lisant les informations apportées par le photographe

Première claque. Sans vouloir vous donner l’explication exacte de cette image et ainsi gâcher votre surprise, sachez seulement que ma première interprétation rendait malheureusement bien plus compte de la course à la popularité adulée par notre société matérialisme plutôt que de la détresse humaine que retranscrit ce cliché. 

De l'actualité de nouveau à la Une

Entre autres, on y « admire » une explosion de roquette en Syrie, l'attaque du centre commercial Westgate au Kenya ou encore, les dégâts du typhon Tolosa aux Philippines. Les photographies témoignent des nombreux évènements qui ont fait la une des médias du monde entier, avant d’être rapidement oubliés aux profits de nouveaux scandales encore plus spectaculaires ou plus « divertissants ».

Taslima Akhter, Bangladesh, 3e Prix Spots d'information Photos isolées 
Qui se soucie encore de l’effondrement de l’usine textile du Rana Plaza au Bangladesh, par exemple? La majorité de l’opinion publique a oublié que cette course aux profits financiers au détriment des conditions de vies a fait 127 morts et plus de 2 500 blessés. Certaines entreprises ont contribué à un fond d‘indemnisation des victimes et puis le débat fût clos. Le but de cette exposition est de les remettre sur la table. 

Une exposition tantôt esthétique, tantôt dénonciatrice 

Mon voyage suit son cours, j’apprends, je me souviens, je découvre. Certaines images purement esthétiques détonnent du reste de l’exposition mais permettent de ponctuer la visite de moments de légèreté comme la retranscription de vies d’enfants dans la campagne américaine. Les images sont belles et la plupart sont puissantes mais d’un point de vue pratique, l’éclairage n’est pas valorisant et les reflets empêchent parfois le visiteur de saisir tout l’impact d’un cliché. 

À l’étage, je découvre avec plaisir l’exposition « Regards » d’OXFAM-QUEBEC. L’organisation présente son travail en Haïti ainsi que le reportage photographique de William Daniels sur les résultats d’une mission de soutien menée au Bénin. 

Franck Abouta, coiffeur pour hommes, dans son salon à Cotonou, Benin. William Daniels/Oxfam Québec
Ce témoignage, fraichement édité puisque réalisé en août 2014, offre au visiteur une nouvelle piste de réflexion sur les conditions de vies de ces jeunes en territoire défavorisé qui réussissent à monter un commerce pour espérer cesser de survivre et commencer à vivre. Des milliers de kilomètres séparent nos vies et pourtant leurs sourires me transmettent leur joie de vivre

Et puis, je suis dérangée. À seulement quelques pas de cet espace dédié au combat contre la pauvreté et à l’amélioration des conductions de vies, des centaines de photos de clubbeurs exposées par NIGHTLIFE.CA prônent la festivité nocturne et l’étalement de richesse qui y est associés.

S’en est presque indécent. Bien qu’adepte de cette référence urbaine, la présence de ces deux organismes sur le même niveau, sans transition aucune, me gêne. Selon moi, cette démonstration de popularité n’a pas lieu d’être ici.

Il est 20 h 30, la salle est pleine. Depuis le balcon du premier étage, j’observe tous ces gens qui ont eu la même idée que moi ce soir. J’aime cette idée d’avoir été quelque part en symbiose avec eux. En les observant, j’en vois qui s’interrogent, d’autres qui s’étonnent et d’autres encore qui débattent. 

Chacun ressortira de l’événement World Press Photo 2014 avec le net souvenir de certains clichés et c’est tout de le but de la démarche : faire perdurer l’information par l’exposition de photographies de la réalité du monde prise sur le vif. 

jusqu’au 28 septembre 2014 
Tous les jours de 19 h à 22 h et nocturnes les jeudi, 
vendredi et samedi jusqu’à minuit 
Marché Bonsecours, 325, Rue de la Commune Est 
12$ - 10$ pour les étudiants de moins de 25 ans
Gratuit pour les moins de 12 ans

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FLORA - RÉDACTRICE
Tombée en amour du melting pot Montréalais, Flora veux tout voir, tout faire, tout vivre! Adoptant un style proche du gonzo journalisme, elle met des mots sur les émotions pour vous faire partager les expériences qui l’ont fait vibrer.

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