Pop d'époque ou la décadence électro-numérique?

Tout Montréalais qui se respecte doit connaître la SAT, Société des arts technologiques, mais tout Montréalais qui se respecte a aussi le droit de ne pas tout savoir ! 

Donc, la SAT - qui s’est bâti une réputation où les projets innovateurs trouvent leur place - est l’emblème conservateur des œuvres d’art qui utilisent les nouvelles technologies. Mélangeant les domaines artistiques, scientifiques et technologiques, pour les initiés et les non-initiés, ses programmes de recherches sont reconnus dans le monde entier.
© 2014, Richard JIMMYNY Des Lys, Carnet d'une Réunionnaise à Montréal, le Pop d'époque, 2014.
© 2014, Richard JIMMYNY Des Lys, Carnet d'une Réunionnaise à Montréal, le Pop d'époque, 2014.
À ce titre, la présidente-fondatrice et directrice artistique, Monique Savoie présentait ce 28 octobre la soirée d’ouverture du spectacle Le Pop d’Époque, un divertissement difficile à définir tant il mélange les genres et les époques. 

Personnage iconoclaste, cultivée, curieuse et extrêmement sympathique, Monique Savoie assume « la prise de risque » du centre transdisciplinaire en offrant ce spectacle dans la Satosphère.

Co-dirigée par Aleks Schürmer et Frances Adair Mckenzie, qui a également signé la scénographie numérique, l’expérience artistique nous plonge dans un décor baroque à la mise en scène plus proche des films de Fellini que de la mythologie grecque dont elle s’est inspirée. 
© 2014, Richard JIMMYNY Des Lys, Carnet d'une Réunionnaise à Montréal, le Pop d'époque, 2014.
© 2014, Richard JIMMYNY Des Lys, Carnet d'une Réunionnaise à Montréal, le Pop d'époque, 2014.
Immergé dans une ambiance festive, comme invité à une réception de Marie-Antoinette, le public découvre les artistes en lévitation numérique s’exprimant en toute liberté et libertinage. Chanteurs et cantatrices, danseurs et courtisanes, acteurs et saltimbanques, tous gravitent autour de nous, jouant des rôles indéfinissables sur des musiques passant du baroque à l’électronique.

La nudité n’est jamais choquante, la nonchalance prime entre amour perdu d’avance, larmes de crocodile et ménestrel au désespoir poussif. 
© 2014, Richard JIMMYNY Des Lys, Carnet d'une Réunionnaise à Montréal, le Pop d'époque, 2014.
Bien qu’excité par cette décadence intemporelle annoncée, on est pourtant déçu de la suite avortée de ses aventures lyriques-digitales. Malgré le tableau de Cupidon, bien drôle en chanteur pleurnichard qui finit en « sacrant », l’humour manque beaucoup à la prestation. 

On finit par ne plus savoir si la musique est volontairement expérimentale ou juste insupportable. Et si l’idée de départ et le concept sont attrayants, avec ses références mythologiques et historiques sous des visuels rappelant l’œuvre de Jean Cocteau, son style kitsch à la David La Chapelle ou à la Pierre & Gilles, le tout semble un peu cheap et manque de fond

C’est d’ailleurs là où le bât blesse. Car même si l’art n’a pas toujours besoin d’explication à donner, sans histoire pour porter cette suite de contes finalement incompréhensibles, on sort de cette amusante décadence électro-numérique en se demandant : tout ça pour quoi?

http://sat.qc.ca/pop | Jusqu'au vendredi 21 novembre
Représentation régulière (film immersif) : 18,25 $
Film immersif + performances live + bouffe : 42,25 $

RICHARD DES LYS - RÉDACTEUR
Installé à Montréal depuis trois ans, Richard est un autodidacte atypique grand consommateur d'arts populaires. Photographe, rédacteur, acteur, chanteur et réalisateur, il ne s'éparpille pas mais est multi-passionné.


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