Geneviève Cadieux au Musée d'Art de Joliette


Octobre. J’ai rendez-vous à 18 heures, au coin de Maisonneuve et de la rue Jeanne-Mance à Montréal, afin d’embarquer dans la navette qui va m’emmener au Musée d’art de Joliette. Le MAJ pour les intimes, était fermé pour des rénovations majeures depuis 2013. Aujourd’hui c’est sa réouverture officielle. Après une heure de route, c’est un musée illuminé et majestueux qui m’attend dans une atmosphère festive. 


Ne connaissant pas l’allure du bâtiment avant sa rénovation, je suis allé sur Internet pour me faire une idée. Même si la forme générale est, me semble-t-il, restée la même, ce sont des façades en verres, façades dématérialisées, qui ont remplacées des murs de bétons froids et sévères. Cette transparence invite le regard et la curiosité du visiteur. Il fait déjà un peu frais en cette saison et j’ai hâte de rentrer dans le musée pour y découvrir la rétrospective consacrée à Geneviève Cadieux, artiste photographe québécoise, de renommée internationale. On m’a promis un régal.

Pour celles que j’ai pu voir, les œuvres de Madame Cadieux ont toutes, à mon sens, de près ou de loin à voir avec le corps humain, l’identité ou encore la perception. C’est par moment, pour ne pas dire souvent, ces trois concepts à la fois qui, associés au regard du visiteur, construisent l’œuvre. Son travail me semble, comme c’est souvent le cas pour beaucoup d’artistes me dira-t-on, à la fois profondément pensé et paradoxalement intuitif. Le corps humain, ainsi que tous les autres objets qui lui sont associés ou qui nous sont suggérés, par l’intermédiaire du cadrage, de la composition, de la contextualisation, de ce que l’on appelle enfin le dispositif photographique, voit ses frontières brouillées. Entre dénotation et connotation, signifiant et signifié, le visiteur ne sait plus quoi penser. C’est, subitement dans l’abstraction, un corps topographié qui nous apparaît : une géographie, un paysage. Les codes sont ainsi simultanément brouillés puis reconstruits. C’est un corps à la fois mystifié et démystifié que l’on nous présente. 


L’absence de cartels m’a interpellé. Il existe cependant une feuille qui présente le plan de la salle principale où sont exposées les œuvres. C’est ainsi que vous pourrez en connaître le titre. Un conseil : faites votre visite en deux temps. La première fois sans le plan puis, dans un second temps avec. Ceci vous permettra de tester vos perceptions et vos sentiments. Une dernière chose : si vous désirez en apprendre davantage sur l’artiste et son travail vous pourrez faire l’acquisition d’un petit opuscule pour la modique somme de deux dollars. 

Cette rétrospective – intitulée, Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j’ai réussi à faire de lui.* Passages vers l’abstraction – est à mon sens l’occasion d’entamer, d’approfondir ou de prolonger une réflexion sur l’identité, le corps et vos perceptions. 
* Certains d’entre vous auront sûrement reconnu cette phrase tirée du Petit Prince de Saint-Exupéry. Elle figure au début du chapitre 2.

Jusqu’au 3 janvier 2016 au Musée d'Art de Joliette
145, rue du Père-Wilfrid-Corbeil
Joliette (Québec) J6E 4T4
Pour plus d'informations, cliquez ici
(+ visites commentées tous les dimanches (13h-15h) jusqu'au 20 décembre 2015)

CHARLES AMMOUN, collaborateur invité.

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