L’électrochoc nommé World Press Photo 2015
Il est de ces événements qui ont plus pour but que de simplement nous divertir. Il est de ces événements qui engagent notre réflexion au-delà des quatre murs où ils se produisent. Fêtant sa 10e édition montréalaise, l’exposition internationale World Press Photo ne parviendra pas, une fois encore, à nous laisser indifférents. Les photographies gagnantes de la 59e édition de ce prestigieux événement reviennent, en image, sur des faits et récits saisissants.
2ème prix catégorie Nouvelles générales ©Massimo Sestini |
Il faut dire que les actualités qui ont envahi nos quotidiens ces derniers mois n’ont pas été exemptées de drames. Les 150 clichés retenus pour cet événement relatent, avec toute la puissance et la spontanéité qu’on prête au photojournalisme, des tranches de vie qui ne nous effleurent que trop peu, mais qui retentissent très fort dans d’autres parties du monde. Pour exemples, les clichés de réfugiés entassés sur des embarcations de fortune pour rejoindre l’Europe, des images de débris du crash du vol MH17 à Kiev soupçonné d’avoir été victime d’un tir de missile, des photographies de la gestion de crise de la propagation du virus Ebola en Sierra Leone…
Confucius avait raison: une image vaut mille mots. La détresse d’un regard, l’expression d’innocence sur un visage, le courage et la détermination dans les actes, tout a possibilité d’être visible à travers un cliché. Ces images qui viennent heurter de plein fouet le visiteur, lui exposant des réalités dont il se préserve car personne n’est « programmé » à voir la guerre, la maladie, la souffrance et la mort et à endurer les horreurs qu’elles laissent dans leur sillage.
2ème prix catégorie Actualités, Reportages ©Jérôme Sessini, Magnum Photos pour De Standaard |
Les faits que relatent ces photographies sont bien réels. C’est pourquoi il nous faut nous y confronter, en prendre connaissance et essayer de comprendre "pourquoi". Ce serait une erreur de penser que nous en sommes protégés en le justifiant par le fait qu’ils se déroulent loin de nos portes, car l’effet papillon est bien réel. Un conflit armé localisé à un endroit de la planète peut avoir de grandes répercussions sur plusieurs industries à travers le globe comme l’importation de ressources.
La preuve en est également avec la crise migratoire en Europe: si le reste du monde s’était inquiété du sort de la Syrie, avant les premiers débordements internes, et avait agi à ce moment-là, nous ne connaitrions peut-être pas l’ébranlement actuel. Il en va de même pour les quotas d’accueil de réfugiés par pays qui seront bientôt connus. Impossible de faire l'autruche indéfiniment, car les conséquences se répercuteront un jour sur toutes les économies, dans tous les gouvernements et toutes les populations, sans distinction.
Photographie tirée de l'exposition Deadline ©Will Steacy |
Deadline, un formidable reportage réalisé durant cinq ans par le photographe américain Will Steacy dans les coulisses du quotidien américain The Philadelphia Inquirer, ainsi que l’exposition Regards (Oxfam-Québec) abordant les inégalités sociales et économiques à travers le monde sont également présentées lors de cet événement, devenu l’un des rendez-vous culturels emblématiques de Montréal.
L’exposition World Press Photo est ouverte tous les jours de la semaine de 10h à 22h, et organise également des nocturnes jusqu’à minuit les jeudis, vendredis et samedis. Les 45 000 visiteurs uniques de la dernière édition attestent de la presque nécessité de s’y rendre.
World Press Photo Montréal 2015
Jusqu’au 27 septembre 2015 au Marché Bonsecours
Prix d’entrée régulier : 13 $
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