Madama Butterfly à l'Opéra de Montréal


Le 17 septembre dernier, l’Opéra de Montréal nous a conviés à la Salle Wilfried-Pelletier pour la générale de Madama Butterfly (Madame Butterfly si prononcé à la française), un opéra en trois actes composé par Giacomo Puccini. (NDLR La générale correspond à l’ultime répétition des chanteurs et de l’orchestre avant les représentations officielles. Il s'agit donc d'une séance de travail).

Début des années 1900. Pinkerton, un jeune officier de la marine américain de passage dans la baie de Nagasaki épouse Cio-Cio-San (« Madame Papillon » en japonais), une Japonaise geisha âgée de quinze ans.

Pour lui, son mariage avec Butterfly est un simple divertissement exotique. Il rentre au pays dès que son union est « consommée ». Pour la jeune épouse, dévouée tout entière à son nouveau mari, les noces symbolisent le début d'une nouvelle vie. Même quand Pinkerton quitte le Japon, Butterfly reste fidèle des années durant, refusant de nombreuses autres propositions de mariage et élevant seule leur fils, jusqu’au retour de l’officier, trois ans plus tard…

Antoine Bélanger (F.B. Pinkerton) Melody Moore (Cio-Cio-San) © Yves Renaud

Comme plusieurs opéras de Puccini (nous l’avions déjà remarqué dans Turandot à l’affiche de l’Opéra de Montréal en mai 2014), l'Amour et l'Honneur sont les deux thèmes traités dans Madama Butterfly. À ces deux sujets, vient s'ajouter celui du choc des cultures.

L’Occident triomphant et sa vision de la modernité viennent se confronter aux traditions nipponnes à travers les personnages de l’officier Pinkerton et de Butterfly, fière, qui n’hésitera pas à se donner la mort par jigai (forme de suicide rituel pratiqué par les femmes de samouraïs consistant à se trancher la gorge) lorsque son honneur sera sali.

Melody Moore, la brillante soprano Américaine interprète Cio-Cio-San (Madama Butterfly). Son exécution de « Un bel dì, vedremo » à l’acte II est sublime et ne peut que nous renvoyer à nos premiers amours, candides, pleins d’espoirs, mais aussi dévastateurs.

Exceptionnellement, en l’absence de Demos Flemotomos, le ténor Antoine Belanger a interprété F. B. Pinkerton, le jeune officier américain en recherche d’aventures exotiques et amoureux de l’Amour.

Melody Moore (Cio-Cio-San) © Yves Renaud 
Si tout le casting était magnifique, j’ai néanmoins été époustouflée par la prestation charismatique de Morgan Smith, baryton, qui interprète le consul Sharpless. Après le ténor Kamen Chanev dans Turandot et Étienne Dupuis, le téméraire et malicieux Figaro dans le Barbier de Séville, je crois que j’ai définitivement un GROS coup de cœur pour les chanteurs d’opéra. Morgan Smith m’a fait littéralement vibrée au son de son « Addio, fiorito asil » dans l’acte III. Mes hommages Monsieur.

Quand au décor et aux costumes, j’ai été agréablement surprise de découvrir d’immenses branches de cerisiers en fleurs répartis sur toute la scène, transformée en maison traditionnelle japonaise pleine de panneaux coulissants et de magnifiques obi colorés, costumes traditionnels, fait de plusieurs couches de tissus superposés et savamment noués.

Avec Madama Butterfly, l'opéra de Montréal propose aux amateurs d'opéra de découvrir (ou redécouvrir) un classique, l'un des chefs d’œuvres de Puccini les plus connus et les plus joués à l'échelle mondiale.

Cependant pour les amateurs du Barbier de Séville ou de Nabucco, fort en mouvement de foule, en tragédie criée et en destin déchirant, attention : ici, amour, passion, honneur se vivent dans la retenue. C’est presque un huit clos, timide, candide, précieux.

19, 22, 24, 26 et 28 septembre 2015
Salle Wilfried- Pelletier, Place des Arts, Montréal
Billet à partir de 20$



AURORE DIJOUX - rédactrice Aurore est une jeune Réunionnaise installée à Montréal depuis deux ans. Accro au thé et Ukulélé girl, elle aime partager ses coups de cœur, découvrir de nouveaux restaurants branchés et écrire des critiques ciné.

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