Elektra à l’Opéra de Montréal
Le 20 novembre dernier, l’Opéra de Montréal nous a conviés à la générale d’Elektra, du compositeur Richard Strauss. (NDLR La générale est la répétition finale, où les chanteurs sont habillés, l’éclairage ajusté, les dernières recommandations données en fin de séance.)
Agnes Zwierko (Égisthe) & Lise Lindstrom (Elektra) © Yves Renaud |
Agamemnon vient de mourir, il a été assassiné par la reine, Clytemnestre, et son amant Égisthe. La fille du roi, Électre est folle de rage et se lance dans la réalisation d’une immense statue à l’effigie de son père. Elle rêve de vengeance, de grandeur. A contrario, sa sœur, Chrysothémis, préfèrerait l’évasion aux représailles, elle refuse de se salir les mains et s’attire les foudres d’Elektra. Cette dernière espère le retour de son frère, Oreste, le fils prodigue pour l’aider à accomplir son dessein.
Elektra est un opéra de 1 h 40 en un acte qui est une réécriture pour un public contemporain de la pièce antique de Sophocle Électre. Ici on peut réellement parler de réécriture : on a du mal à dater l’action, nous avons d’un coté le nom d’un roi, connu et reconnu, Agamemnon, héros grec de la guerre de Troie, et de l’autre sa fille Électre vêtue comme une ouvrière New-Yorkaise des années 1930, une reine qui aurait pu être de la cour d’Henri II et des servantes aux airs d’hôtesses de l’air des années 80.
C’est déroutant, dès le début.
Parallèlement à ces premières surprises, je découvre également Richard Strauss, le compositeur allemand, c’est une première pour moi. Ici, pas d’air grandiose et entêtant comme Nessum Dorma dans Turandot ou Va, pensiero, sull'ali dorate dans Nabucco. Je suis marquée par l’aspect linéaire de l’œuvre. Il y a là quelque chose de fort, de froid. De la retenue et de la lamentation.
Ici, pas de frissons ou d’yeux ébahis, si ce n’est à l’ouverture des rideaux, lorsqu’on découvre la sculpture gigantesque du roi, tel un Rodin nu et imposant.
Lise Lindstrom (Elektra) - © Yves Renaud |
En ce qui concerne la distribution, j’ai découvert Lise Lindstrom soprano Américaine qui interprétait la principale héroïne. Elle nous offre une Elektra vive, revancharde, forte. À ses côtés, Nicola Beller Carbone, soprano allemande qui incarne Chrysothémis, sa sœur. Une voix extraordinaire, mais j’ai ressenti sa prestation scénique comme surjouée. Cela contrastait avec la retenue, plus juste à mon gout, de Lise Lindstorm. Dans cet opéra nous retrouvons également Agnes Zwierko (Clytemnestre), John Mac Master (Égisthe) et Alan Held dans le rôle d’Oreste.
Elektra est un opéra original, il arrive en rupture avec les opéras italiens plus classiques. Le thème est noir, les heures sombres, c’est une tragédie. L’orchestre raisonne et c’est une vraie embardée sous la baguette frénétique de Yannick Nézet-Séguin.
ELEKTRA Strauss à l'Opéra de Montréal
(Salle Wilfried-Pelletier)
Les 21, 24, 26 et 28 novembre 2015
À partir de 20$
Commentaires
Publier un commentaire